Jusqu'à il y a quelques mois je faisais partie de ces personnes qui acceptent tout sans broncher. Et puis un jour la cocotte minute a fini par exploser. Avec beaucoup beaucoup beaucoup de conséquences sur ma santé. C'est avec pas mal de recul que je vis maintenant cette très douloureuse période de ma vie comme une réelle opportunité. Une chance même. J'avoue me surprendre à être fière d'écrire cela aujourd'hui. Un vrai petit miracle pour celle qui, il y a quelques mois encore, était bloquée sans force aucune au pied d'une énooorme montagne sans être capable de faire le moindre tout petit pas pour un jour être à nouveau capable d'aller voir ce qui se trouve au-delà. Je vous laisse imaginer l'incompréhension, la solitude et la détresse de la nana qui vivait jusque-là à 3000 à l'heure entre deux avions et qui s'épuisait pour évacuer dans moult activités sportives au quotidien lorsqu'elle s'est retrouvée dans cette situation, littéralement vidée.
J'en ai passé des journées au lit. A fuir le moindre rayon de soleil alors que j'étais une amoureuse de la vie. Sans force et tout juste capable de me faire à manger. Je me souviens de cette horrible période durant laquelle sortir faire mes courses relevait du parcours du combattant. Je me rappelle avoir pleuré assise par terre devant ma valise. Incapable de la remplir. Alors que j'en avais bouclé au moins cent. Avant. J'ai dû passer pour une chieuse débile foldingue alors que j'expliquais à des amis que pour moi aller les rejoindre à l'autre bout de Paris valable aussi en bas de chez moi représentait pour moi une expédition impossible. Comment leur dire que mon combat quotidien de m'extirper du lit me prenait toutes mes forces déjà? Je me suis sentie au bout de ma vie. Croyez-moi l'expression prend tout son sens quand on vit la situation.
Et puis le temps a fait son oeuvre. Mon entourage proche et des personnes extérieures m'ont aidée, tendu la main. C'est fou ce qu'une parole, une présence, un geste bienveillant, un livre offert, un lien vers un article peuvent provoquer des déclics. Redonner goût à la vie. Réaliser qu'on en fait toute une montagne. De cette foutue montagne. Qui peut se dresser de façon si insurmontable devant nous.
Un pas après l'autre j'ai progressivement réalisé que j'étais la première fautive dans ces épisodes de vie professionnelle tout autant que personnelle qui ont de façon insidieuse bousillé mon mental, donc mon corps. Au point de les réduire à plus grand chose. Trop gentille, introvertie (mon coach de carrière m'a fait passer le MBTI à ma demande récemment, une révélation!), bosseuse, impliquée, sensible (et non pas susceptible comme on me l'a trop souvent reproché - tellement facile!), résistante au stress et à la fatigue, perfectionniste, j'ai trop encaissé sans broncher. J'ai dit oui à tout sans rechigner. J'ai avalé un nombre incalculable de couleuvres. J'ai fini la course épuisée. Dans l'impossibilité totale d'évacuer, de digérer, de reprendre des forces. Presque de vivre.
J'ai lentement dû prendre la décision vitale de dire STOP à ce qui me détruisait. Pour ce qui est de la souffrance au travail j'ai signé une clause de confidentialité pour des faits que j'ai dénoncés et touché de l'argent pour fermer ma gueule (pardon my vulgarité mais appelons un chat un chat hein!), il y a un an. J'ai perdu mon emploi, que j'aimais et pour lequel je me suis investie de longues années durant, et pour être honnête - et alors que je suis en outplacement depuis le mois de février - je suis incapable de parvenir à me projeter à nouveau au sein d'une équipe en entreprise dotée d'un fonctionnement classique. Mon intention est donc me créer mon job. Quant à ma vie personnelle j'ai décidé - enfin et il était temps - à 39 ans - de me fier à mon instinct. Un gros ménage s'est opéré de fait. J'en tire tellement de bénéfices. Je respire. Je revis.
Depuis que j'ai découvert ce succulent pouvoir de dire STOP je ne me bats plus contre ce qui me fait du mal. Je ne gaspille plus mon énergie pour lutter contre les comportements toxiques. Je n'accepte plus de me faire crier dessus. Ni de me faire manipuler. Encore moins de laisser qui que ce soit exercer toute forme d'emprise sur moi. Je ne me fatigue plus face à l'impolitesse et aux incivilités (véritable tour de force quand on vit à Paris! Personnellement je trouve que beaucoup de choses se sont dégradées ces quelques derniers mois...mais là n'est pas le sujet du jour...mais quand même mes voisins vont me rendre DINGUE, il faut impérativement que je déménage...sans quoi je risque de prendre la décision de quitter Paris alors que j'adore Paris). Je me fie à mes réactions. J'ai trouvé refuge dans l'action. Je n'attends rien de personne. Me voici plus indulgente avec moi. J'ai le pouvoir de changer ma vie. C'est à moi de me donner les moyens du sens que je veux lui donner.
Le pouvoir de dire STOP c'est fabuleux. C'est un long cheminement progressif qui vaut cette souffrance terrible que l'on vit alors que l'on se voit au pied du mur. Je ne vous raconte pas comment je déborde d'énergie, de positivisme, de projets et de confiance en moi depuis que j'ai enfin accepté de croire en mon instinct. De cesser de subir et de m'en plaindre alors qu'il me suffisait de dire STOP. D'apprendre à me protéger. C'est une phase qui survient tardivement dans ma lente traversée du désert. Je m'en veux de ne pas avoir été capable d'ouvrir les yeux plus tôt. D'avoir trop attendu pour dire STOP. Mais je sais que je n'étais pas en mesure de le faire. Alors ma plus belle revanche c'est d'enfin accepter que j'ai tout à fait le droit d'être qui je suis. ET non je ne suis pas trop ci ou pas assez cela. Je suis moi.
J'ai encore un travail à faire sur deux points que j'ai clairement identifiés mais que je n'étais pas encore prête à affronter. J'ai hâte de m'y atteler avec un professionnel compétent, ma joie de vivre et mes fossettes jusque là!
Je sais maintenant à quel point il est vital de demander, de réclamer et d'accepter de recevoir de l'aide en cas de coup dur. C'est en acceptant les mains tendues ou en les réclamant que j'ai été en mesure de relancer la machine.
Il est normal de se sentir seul, démuni, épuisé, incompris, de culpabiliser alors que l'on éprouve cette horrible sensation de toucher le fond. Je vous promets pour l'avoir vécu que le corps humain est bien plus fort qu'il n'y paraît. Mais qu'il est indispensable de l'écouter avant qu'il ne s'écroule. Dissocier le mental du physique est salvateur si le négatif domine. Cela ne fait que quelques semaines que j'y suis parvenue avec succès. Je sais que me voici guérie. J'ai conscience que je tiens en mains les cartes de ma seconde moitié de vie.
En conclusion j'ai beaucoup appris sur moi, les autres, les autres et moi ces quelques derniers mois. Je me suis bêtement cassé la gueule à nouveau cette année, mais je ne crois pas au hasard pour ces choses-là. J'en tire une leçon que je ne reproduirai certainement plus. Je sais sur qui je peux compter. En plus de moi. De mes limites. De mon caractère. De ma personnalité. Et de tout ce qui me qualifie. Je sais ce que je ne veux plus.
Je me suis remise en question, c'est l'une des clés pour avancer. Mais vivre ne signifie pas changer pour entrer dans des cases ou des fonctionnements qui ne nous correspondent pas. On a qu'une vie. Je chemine à mon rythme vers celle qui me tend les bras. Je m'emploie au quotidien à booster ma qualité de vie. Mon objectif est de réaliser mes réelles aspirations. Je n'attends rien de personne. Je veux tout simplement être heureuse et partager de bons moments avec mes proches. Je me donne les moyens d'expérimenter les échéances que je me suis fixées. Les rêves de gamine et d'ado qui m'ont poussée jusqu'ici.
Vous voyez, le pouvoir de dire STOP est fabuleux!
L'idée de publier tout cela sur mon blog - dans une rubrique toute nouvelle que je ne demande qu'à étoffer - c'est que je veux maintenant transmettre et aider - dans la limite de mes possibilités et capacités évidemment. Je sais que mes propos couchés ici parlent malheureusement à certains d'entre-vous. Mon champs d'action est certes très limité, mais je peux, dans un premier temps, vous proposer des idées de lectures qui m'ont donné des coups de pieds au cul. Je réfléchirai à d'autres formes d'articles si je constate que le sujet vous intéresse.
C'est grâce au livre de Guy Birenbaum Vous m'avez manqué Histoire d'une dépression française que j'ai su que j'allais me sortir de ce fichu burn out. Moi aussi j'ai eu peur de mon pommeau de douche. Maintenant je ris tous les jours en le regardant. Il sera le premier dans mes cartons quand je déménagerai. Ah Ah! Lisez cet ouvrage si mes propos vous parlent, offrez le à des proches qui en ont besoin surtout!
Je m'intéresse de plus en plus au développement personnel, à la naturopathie etc. J'aimerais beaucoup échanger avec vous sur tout cela, que vous vous entraidiez via les commentaires si cela vous dit (good vibes only please!). Toutes vos recommandations et vos idées sont les bienvenues. Pourvu que cela aide ceux d'entre-vous hélas concernés à dire STOP avant de sombrer // ceux qui sont en plein dedans de savoir qu'il y a une lumière au bout du tunnel et qu'une vie géniale vous attend après un burn out. On est plus fort quand on se sait moins isolé.
Attention, je précise que je ne répondrai pas aux mails lié à cet article et je m'en excuse. D'une part je ne me sens pas les épaules pour assurer sur ce genre de thématiques sensibles. D'autre part j'en reçois trop et je parviens à peine à répondre à tous. Enfin, je désire plutôt ouvrir et favoriser une interaction et non pas un débat. Mon souhait est de favoriser la discussion ici. Merci!
xoxo
PS : j'ai fait du botox et des injections d'acide hyaluronique. Je suis ravie du résultat et j'ai trop hâte de vous en parler! (Je crains les risques de polémiques que le sujet risque de susciter...mais j'ai fait cette démarche pour moi et c'est cela qui est important, gniiiiiiiii!).
Commentaires
Très beau témoignage...Ne pas oublier que la vie est une roue qui tourne et que tu retrouveras la lumière...
J'attends avec impatience ton sujet sur le Botox ;-)
Passes de belles fêtes de fin d'année !!
Une inconnue qui apprécie ta sincérité...
Bonjour Agathe, c'est tout à fait cela, merci beaucoup pour ton très gentil mot. Je te souhaite de très belles Fêtes également, merci pour ta fidélité
Je ne peux que te recommander la naturopathie mais aussi le pilates pour un mieux être au quotidien. La sophrologie peut bien aider aussi, tu as deja testé ? Tout ça aide bien à prendre du recul, relativiser et supporter le stress parisien. Pour avoir vécu dans d'autres pays où l'ambiance est plus tranquille, il n'est pas toujours simple de se réhabituer à ce rythme effréné et usant.
Coucou Laetitia, merci pour tes conseils. Je fais beaucoup de yoga et de pilates, il est vrai que cela aide! Je vais tester la sophrologie, excellente idée! Belles Fêtes!
Un beau et sensible temoignage, félicitations pour être revenue à la vie !!!
Mille mercis Vanessa, je te souhaite de belles Fêtes!
Bravo ! le travail, je note tout de même que c'est un monde de plus en plus impitoyable tout de même..; Je l'ai expérimentée, comme toi et tant de monde autour de moi. C'est dur de remonter mais on en sort plus forte aussi ;) Belle fin d'année et que 2017 te soit douce :)
Si ce n'est pas indiscret ,quelle est ta nouvelle activité ?C'est bien de pouvoir quitter son travail quand on ne s'y sent plus bien ,apres il faut pouvoir vivre
Ce projet est en cours de réflexion Seve...belle journée!
J'aurais pu écrire cet article ! Et pourtant je n'ai jamais dit oui à tout, ni avalé de couleuvres, mais à un moment donné, mon corps a dit stop, et je me suis retrouvée dans la même situation que toi. Chaque chose du quotidien me prenait toute mon énergie. ça fait quelques mois maintenant, mais je connais encore des journées difficiles. Mais la majorité du temps, ça va bien, donc c'est cool.
Ce sont des épreuves qui nous aident finalement à avancer, à revoir nos priorités, à nous intéresser à d'autres choses.
C'est tout à fait cela Djahann, prends bien soin de toi surtout! Belles Fêtes!